Comment soigner un burn out
Le burn out ou épuisement professionnel concerne les professions demandant un engagement important. Selon l’OMS, il est caractérisé par « un sentiment de fatigue intense, perte de contrôle et incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». Freudenberger illustre ainsi le ressenti des gens atteints de burn out : ce dernier peut s’apparenter à une brûlure interne. Les personnes, comme les immeubles sont parfois victimes d’incendies. Face à de fortes tensions, les ressources internes sont comme consommées par des flammes, laissant un vide immense même si l’enveloppe externe semble intacte. Dans cet article, nous allons voir comment soigner un burn out.
Comment guérir du burn out ? En commençant par en identifier ses causes
Les exigences au travail (intensité du travail et temps de travail)
L’intensité et la complexité du travail correspondent aux objectifs irréalistes ou mal définis, des interruptions fréquentes, une quantité de travail et des horaires à rallonge.
La charge de travail est déterminante. La surcharge de travail comprend :
- la prescription,
- l’adéquation entre les objectifs et les moyens,
- les facultés et outils dont dispose le manager pour apprécier cette adéquation,
- mais aussi, et avant tout, une représentation partagée de ce qu’est la charge de travail.
En effet, la charge de travail représente bien plus qu’une simple prescription. Il y a la charge réelle (travail concret), mais aussi la charge subjective (dépend du vécu du travail).
Les exigences émotionnelles
Les exigences émotionnelles concernent les relations avec le public. Par exemple :
- contacts difficiles avec le public (des clients faisant part de leur mécontentement, personnes en détresse venant chercher une aide en dernier recours, etc.)
- violences verbales (propos désagréables, insultants, humiliants, etc.) ou physiques
- de voir afficher des émotions en contradiction avec son ressenti (devoir sourire à un client qui suscite un certain énervement, par exemple).
Manque d’autonomie et de marges de manœuvre
Le manque d’autonomie se traduit par :
- de faibles marges de manœuvre dans la manière de réaliser ses tâches,
- des contraintes de rythme de travail sur lesquelles le travailleur ne pas agir
- et la « sous-utilisation » des compétences.
Néanmoins, accorder de l’autonomie ne signifie pas laisser les travailleurs se débrouiller seuls ou leur donner des objectifs flous.
Les rapports sociaux et relations au travail
La qualité des rapports sociaux et des relations de travail repose notamment sur :
- la clarté des objectifs (vision claire des tâches à accomplir, absence de contradictions dans ce qui est demandé, etc.)
- l’existence d’un collectif de travail / d’une solidarité entre collègues (entraide, disponibilité du supérieur, qualité de la communication interne, etc.)
- l’expression des travailleurs (animation des instances représentatives du personnel, instauration d’espaces de discussion, etc.)
- l’absence de violence en interne (agressions physiques, comportements blessants, conduisant à l’isolement ou l’exclusion d’un collègue, etc.)
- la reconnaissance des efforts déployés et de la qualité du travail (retours réguliers de la hiérarchie, reconnaissance entre pairs, etc.)
- le rôle de l’encadrement de proximité (organisation des tâches, animation d’une équipe, résolution des difficultés, etc.).
Les conflits de valeur et la qualité empêchée
La perte de sens au travail ou ne pas en trouver, avoir l’impression d’effectuer un travail inutile, peuvent être provoqués ou amplifiés par le fait de ne pas pouvoir échanger avec les collègues ou l’encadrement sur les objectifs et les manières de faire son travail.
L’insécurité de la situation de travail
C’est l’insécurité socio-économique liée à la peur de perdre son emploi, aux retards dans le versement des salaires, à la précarité d’un contrat, etc., mais aussi le risque de faire face à des changements non maîtrisés liés à l’incertitude sur l’avenir de son métier, la peur de devoir changer de qualification ou de métier sans y être préparé, etc.
De plus, des particularités individuelles entrent en jeu. En effet, certaines personnes sont plus sensibles au stress que d’autres, accordent une trop grande importance au travail, sont perfectionnistes, ont une faible estime de soi, etc. Le contexte de vie personnelle a également une influence comme de lourdes responsabilités familiales, la solitude, la difficulté à concilier travail et vie personnelle, etc.
Ainsi, nous avons vu que, pour soigner un burn out, il fallait commencer par en identifier les causes. Mais pas que ! Nous allons voir par la suite ce que nous pouvons faire de plus.
Comment soigner un burn out ? En identifiant ses caractéristiques
Le burn out regroupe des réactions consécutives à des situations de stress chronique où l’engagement est prédominant.
Il se caractérise par 3 dimensions :
- l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles
- la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre (les usagers, clients ou patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail
- le perte de l’accomplissement personnel au travail : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage, dépréciation de ses résultats, sentiment de gâchis…
La première dimension et la plus centrale est l’épuisement émotionnel, psychique et physique. C’est la première manifestation du burn out : une fatigue extrême due à une exposition continue à des facteurs de risques psychosociaux très prégnants (conditions de travail très exigeantes, manque de ressources et d’appui pour y faire face, etc.). Les temps de repos habituels (sommeil, week-end, congés, etc.) ne suffisent plus à soulager cette fatigue qui devient alors chronique.
Ensuite, nous avons le cynisme, seconde dimension burn out. L’attitude de la personne devient négative, dure, détachée, envers le travail et les personnes (collègues, encadrement, clients, etc.). Elle se désengage progressivement de son travail, de la structure dans laquelle il évolue. Une barrière se crée entre elle et les autres. Elle les « déshumanise » inconsciemment en les mettant à distance. Cela s’apparente de l’auto-préservation face aux exigences (émotionnelles) du métier auxquelles la personne ne peut plus faire face.
En pareil cas, elle peut ainsi se défendre en attribuant une forme de responsabilité au destinataire de l’activité. Exemple :
- pour l’enseignant, l’étudiant qui ne veut pas apprendre ;
- pour l’encadrant, le subordonné qui ne veut pas faire ce qu’il lui demande,
- etc.
Ainsi, ce mouvement conduit le travailleur à réduire son investissement et à développer des conceptions péjoratives, cyniques, sur les personnes pour qui ou avec qui il est censé travailler. Cette dimension est parfois considérée comme une stratégie d’adaptation en réponse à la sur-sollicitation ressentie par l’individu.
Dans sa troisième dimension, le burnout est caractérisé par une perte de l’accomplissement personnel, une dévalorisation de soi, traduisant à la fois le sentiment d’être inefficace et de ne pas être à la hauteur du poste occupé. Malgré tous ses efforts, le travailleur se sent dans une impasse. Cette dernière dimension fait l’objet de controverses ; certains auteurs considérant qu’il s’agirait plutôt d’un trait de personnalité ou encore d’une conséquence (parmi d’autres) du stress au travail qui n’aurait donc pas lieu d’être intégré dans la définition de ce syndrome.
Voici également une liste non exhaustive des symptômes du burn out :
- Démotivation constante par rapport au travail ;
- Irritabilité marquée, colères spontanées, pleurs fréquents ;
- Attitude cynique et sentiment de frustration ;
- Sentiment d’être incompétent ;
- Goût de s’isoler ;
- Sentiment d’échec ;
- Baisse de confiance en soi ;
- Anxiété, inquiétude et insécurité ;
- Difficulté à se concentrer ;
- Pertes de mémoire ;
- Difficulté d’exercer un bon jugement ;
- Indécision, confusion ;
- Pensées suicidaires, dans les cas les plus grave.
Comment prévenir un burn out ?
En effet, le mieux n’est pas de soigner un burn out mais de le prévenir ! Pour cela, il faut veiller à ce que l’organisation du travail et les contraintes ne génèrent pas une surcharge pour les salariés et ne les mettent pas en porte-à-faux par rapport aux règles et valeurs de leur métier. Il convient aussi de permettre le travail en équipe ou encore de favoriser le soutien social. D’une manière plus générale, il est recommandé de mettre en place une démarche de prévention collective des risques psycho-sociaux en faisant appel à un psychologue du travail.
Repérer les situations de burnout
Tout d’abord, au niveau individuel, l’employeur, l’encadrement, les acteurs de la prévention, le service de santé au travail doivent prêter une attention particulière aux indicateurs laissant penser qu’un salarié puisse être en situation de burnout.
Par exemple :
- Le salarié exprime-t-il un manque d’énergie pour effectuer son travail ?
- Aborde-t-il des problèmes de concentration, de manque de disponibilité mentale au travail ?
- Semble-t-il irritable facilement ?
- Dévalorise-t-il le travail qu’il accomplit, sa propre efficacité et ses compétences ?
- Manifeste-t-il des signes de désinvestissement professionnel ?
Changement d’attitude, repli sur soi, désengagement inhabituel, etc. sont des indicateurs devant interpeller l’entourage professionnel. Au niveau collectif, les indicateurs de dépistage des risques psychosociaux pourront être examinés à l’aide notamment d’un audit sur la qualité de vie au travail effectué par un psychologue du travail. Le repérage du burnout peut également se faire par questionnaires (voir document ci-joint).
Mettre en place des mesures de prévention collective
Ensuite, il est important, dans une entreprise, de rechercher et mettre en place des mesures de prévention adaptées. Celles-ci ont pour but de faire diminuer les exigences professionnelles pesant sur les salariés et d’augmenter les ressources à leur disposition.
Par exemples, contre l’épuisement professionnel, il est possible de :
- Faire attention à ne pas surcharger certains postes / salariés.
- Favoriser le soutien social et éviter l’isolement en mettant en place de groupes d’échanges sur les pratiques professionnelles, renforçant le travail en équipe (temps de travail réservé aux relèves de postes, espaces de partage d’expérience et d’échanges).
- Améliorer le retour sur l’efficacité du travail, reconnaître le travail accompli.
- Être vigilant au traitement équitable des salariés.
- Éviter les conflits éthiques autour de la qualité du travail, en partageant les objectifs et les manières de faire pour les atteindre.
Prendre en charge les personnes atteintes du burnout
Par ailleurs, lorsqu’un salarié est victime d’épuisement, la hiérarchie peut proposer un entretien pour faire le point sur les difficultés rencontrées. Il faut rechercher les raisons, notamment celles liées au travail afin d’échanger dessus. Contacter le médecin du travail peut également s’avérer utile, il pourra estimer la nécessité d’une orientation vers une prise en charge spécialisée, d’un aménagement de poste, d’une redéfinition des objectifs et moyens à disposition, etc. Le service de santé au travail, le psychologue du travail peuvent également aider l’entreprise à repérer les facteurs de risques professionnels en lien avec les cas de burn out portés à sa connaissance.
Finalement, comment soigner un burn out ? Dans cet article, nous avons abordé les causes et caractéristiques du burn out ainsi que diverses façons de le prévenir dans une entreprise. Si vous vous reconnaissez dans certains des symptômes et que vous ressentez le besoin d’en parler, sentez-vous libre de prendre rendez-vous au cabinet ou en ligne.
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